je l'ai sorti du topic "immigration haitienne clandestuine " parce que je me suis rendue compte que c'etait un tout autre thème
sorry!
A Blandine Kriegel et Zaïr Kedadouche
Cher amis,
A votre demande, je vous communique ces quelques réflexions brossées à la hâte. J'espère qu'elles puissent nourrir la rédaction de votre rapport.
Nul ne peut contester le rôle déterminant des médias, au plan culturel, dans la formation des identités collectives comme dans l'élaboration du je, dans la construction du désir comme dans la production de formes symboliques. Si on ne peut exiger de l'Etat qu'il contrôle intégralement la gestion et le déploiement des médias, leur importance toutefois, au sein de la communauté nationale, doit-elle se développer hors de toute régulation républicaine ? Ainsi, s'il appartient à l'Etat de veiller à la bonne cohésion nationale, à l'intégration positive de tous dans la communauté des citoyens , il est donc fondamental de s'interroger sur le rôle des médias dans la prise en compte de la diversité culturelle composant la nation. Ici, se posent deux questions essentielles : 1)L'Etat peut-il, dans une logique authentiquement républicaine, affirmer d'une part, l'égalité de tous les citoyens, l'unité nationale, l'identité politique commune et, d'autre part, se mêler d' une politique de diversification culturelle dans les médias ? 2)Dans le cas où la réponse serait positive, comment doit-on procéder ? Faut-il envisager une politique des quotas où, plutôt, penser un autre mode d'incitation à la prise en compte de cette diversité ? Il est clair que cela renvoie à des problèmes philosophico-politiques d'une redoutable complexité que je voudrais très modestement aborder.
I- Unité républicaine et diversité culturelle.
On a souvent reproché à la conception française de la nation son abstraction et son formalisme. Ce n'est ni la race, ni l'ethnie, ni la religion ni même une identité culturelle quelconque qui définit l'être français. Ici, l'égalité de tous les citoyens est pensée, abstraction faite des origines. A la limite, on ne naît pas citoyen, on le devient et l'intégration concerne tous les français. C'est un plébiscite de tous les jours disait Renan. Telle est la laïcité profonde de l'Etat : sa neutralité vis à vis des formes de vie déterminées par les croyances culturelles diverses. A cela, une tradition, romantique hier et communautarienne aujourd'hui, répond qu'une telle identité est si abstraite qu'elle ne peut rendre compte de l'expérience subjectivement vécue par les individus. Il faudrait donc plutôt affirmer, à l'opposé de cette conception républicaine française, que la nation est vie, vie d'un peuple façonné par une langue et une culture ancestrale. La nation ne serait pas forme mais substance. Pour les communautariens, dans le cas où la nation est pluriethnique, il faut une reconnaissance publique des identités culturelles diverses, surtout minoritaires, et même élaborer des droits collectifs reconnaissant cette diversité culturelle. Peut-être faudrait-il dépasser ces apories ouvertes depuis le conflit opposant les Lumières et le Romantisme. Proposons donc ceci : la nation n'est ni un être pur ou substance, ni une pure forme ou non être. En parodiant quelque peu le Parménide de Platon, disons que la nation est et n'est pas : elle existe.
Si la nation est existence, cela implique qu'elle est histoire, effectivité, voire facticité. Ainsi y a-t-il comme une finitude de la nation. Mais s'il y a une vie de la nation cela ne signifie pas qu'elle est essentiellement vie. Elle est existence avons-nous dit. Quelle est donc la différence entre vie et existence ? Toute ontologie vitaliste considère qu'un groupe se développe selon une dialectique au fond irrationnelle, déterministe, inconsciente, fondamentalement structurée par le désir. Le vitalisme, en philosophie politique, est négation de toute instance transcendantale pouvant modeler l'existence collective ou individuelle. Ou du moins le transcendantal n'est qu'une production illusoire de la logique du désir ou de la vie. La notion d'existence au contraire nous conduit à penser la nation autrement, aussi bien comme détermination que comme arrachement à soi. En termes sartriens, la nation n'est pas un en soi mais un pour soi. S'il y a une identité républicaine française, c'est bel et bien le résultat d'une histoire déterminée, façonnée par les circonstances et irréductible à aucune autre. Mais on ne peut s'arrêter là . L'idée républicaine ici a joué un rôle transcendantal structurant l'existence collective. L'existence nationale, comme sortie de soi, est toujours tension vers cette idée. Voilà pourquoi la nation ne peut être enfermée dans une quelconque substantialité. Pour le dire de façon sans doute exagérée, la France n'est jamais simplement ce qu'elle est ou ce qu'elle a été, elle est toujours essentiellement ce qu'elle doit être. La France n'est pas simplement un être, elle est aussi un faire, et elle n'a pas fini de se faire. Aujourd'hui, les différentes minorités culturelles composant la France et souvent issues des ex-colonies, sont déterminées à faire aussi France. Cela contredit sans doute une France qui a été. Mais dans une nation comme existence ou sortie de soi c'est-à -dire dans un rapport transcendantal avec elle-même, l'espoir est permis. La liberté ici comme volonté politique contredit tout vitalisme et tout substantialisme. L'idée républicaine a donc une fonction régulatrice aussi bien dans l'expérience collective que dans le vécu individuel. Il se trouve que l'expérience historique a produit une France connaissant une diversité culturelle plus intense. La France républicaine est confrontée à ce multi-culturalisme d'un nouveau genre. Or, quelque chose de sa tradition l'y avait mal préparée. Il ne s'agit pas pour nous de renoncer à l'idéal républicain au profit d'on ne sait quel communautarisme mais de produire une critique, au sens positif du terme, de la tradition républicaine française. Sans cette critique ou cette réactualisation de la république, l'intégration de citoyens français de cultures minoritaires paraît très difficile.
Il est frappant de constater comment la présence d'un Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle avait choqué des peuples du monde entier y compris ceux qui avaient eu à subir les violences du colonialisme français. Comme si une France porteuse d'un espoir universaliste s'était trahie elle-même. C'est où il faut noter un certain paradoxe du républicanisme français. L'histoire nous dévoile ce paradoxe. D'un côté, la république en France a promu la liberté, l'égalité, a intégré les Juifs, a aboli à deux reprises l'esclavage mais, de l'autre, elle a mis du temps à reconnaître l'égalité des hommes et des femmes et surtout a colonisé des peuples en Afrique, en Asie et même en Amérique avec une sauvage brutalité. Si on ne trouve nulle trace de racisme chez un républicain comme Victor Schoelcher, il n'en est pas de même chez Renan ni chez Jules Ferry. La République en France s'est très bien mariée avec une culture coloniale, productrice de mépris, de dévalorisation et de déshumanisation de peuples ou de races non européennes. On pourrait se demander si la position de ceux qui refusent la place de la Turquie dans l'Europe n ‘est pas héritée de cette idéologie. Celle culture coloniale a triomphé en France métropolitaine même avec l'utilisation raciste de l'image des Noirs dans le cinéma et la publicité et surtout lors de l'Exposition coloniale de 1931 où des négresses furent honteusement exhibées devant un public très large et très populaire, fier de découvrir la puissance de l'empire français. La première reconnaissance de la diversité culturelle composant l'ensemble français fut donc profondément méprisante. Cette histoire nous hante encore et détermine bien des pratiques d'exclusion et de souffrances identitaires chez des citoyens français originaires des ex-colonies. Il y a donc une image négative des Noirs et des Arabes dont les médias actuels héritent et qu'il faut d'abord déconstruire.
On pourrait dire que la République est juste et que ce sont les politiques concrètes qui n'ont pas été à la hauteur de l'idéal républicain en développant des pratiques aussi inhumaines. La preuve est donnée par le fait qu'au nom de la république des acteurs de tous ordres ont combattu toutes ces inégalités. Cela est vrai mais en partie. Car il faut expliquer comment un Jules Ferry dont les principes de l'école républicaine font encore autorité a pu être aussi à l'aise dans des propos et des justifications aussi odieuses. Ne faudrait-il pas chercher la cause dans l'insuffisance même de la conception républicaine française de l'identité nationale ?
On pourrait se demander si l'erreur du républicanisme français ne réside pas dans le fait, non pas d'avoir pensé positivement une identité politique abstraite mais de s'être montré incapable de prendre en compte tous les aspects ou les étages de l'identité et d'avoir ainsi refoulé la question de l'identité culturelle. Mais, comme on le sait, ce qui a été refoulé revient et l'identité politique républicaine en France a le plus souvent épousé l'identité culturelle de la majorité des Français. Lorsqu'on relit certains manuels d'histoire destinés aux enfants des écoles sous Jules Ferry et même après lui, on constate que l'idéologie véhiculée, loin de s'ouvrir à un universalisme authentique n'est en fait que l'éloge du colonialisme et de l'impérialisme français avec une iconographie stupéfiante ou l'image du Noir, de l'Arabe ou de l'Asiatique n'est rien d'autre qu'une production de l'autre comme inférieur. Comme si la construction d'un nous français avait besoin d'élaborer une altérité aussi dégradante. Ainsi s'est édifiée en partie l'identité française. Tout se passe comme si les premières conceptions républicaines de la nation française, à la fin du XVIII° siècle, étant trop abstraites, le XIX° et le début du XX° siècles ont dû, en s'appuyant sur le développement des sciences et le mythe du progrès, compléter l'identité nationale par une formation de l'identité culturelle qui, tout en réprimant les identités et les langues régionales, s'écartait de l'universalisme en unifiant une identité culturelle franco-française ethnocentrique qui excluait l'autre. Cette nouvelle culture mise en place permettait de justifier la colonisation même chez des hommes de progrès et c'est cela aussi qui a permis le développement de l'antisémitisme. Ce passé, encore récent malgré la décolonisation, est ce qui rend difficile l'intégration des minorités culturelles issues des ex-colonies. Le cas n'est pas semblable aux USA qui n'ont pas vraiment colonisé d'autres peuples, mais l'histoire de l'esclavage a entraîné en Amérique du Nord une image dévalorisée du Noir avec les problèmes d'intégration des Noirs que ce pays a connus.
On pourrait donc avancer –mais ce ne sont là que des hypothèses- que l'erreur du républicanisme français provient d'une théorisation insuffisante du rapport reliant l'identité culturelle à l'identité politique. L'identité politique commune, si nécessaire pour nous républicains, a consisté malheureusement aussi à une unification culturelle imposée, à une assimilation comme digestion de l'autre.Le républicanisme français a été présenté par certains comme un nationalisme. L'essence de tout nationalisme est de poser une identité étroite entre culture et politique. De ce fait, ce qui est toujours refoulé, c'est la diversité culturelle. Du coup, les identités culturelles en France prennent la voie de l'intégrisme et du radicalisme et l'antisémitisme revient avec force. C'est dire la gravité et l'urgence de la question.
Au HCI, nous avons proposé de distinguer assimilation et intégration. Nous posons que la république ne peut demander au citoyen français d'origine culturelle minoritaire qu'il nie sa propre culture mais elle ne doit exiger de lui que l'acceptation d'une culture politique commune, définie par la constitution, le droit en vigueur et les diverses pratiques politiques légitimes. Pour reprendre les termes de Habermas (L'intégration républicaine) elle ne doit viser que l'intégration politique et non l'intégration éthique. Et si un élément de la culture originaire contredit les principes politiques communs, c'est la première qui doit bouger, car aucune culture n'est définitivement figée, bouclée sur elle-même comme tend à nous le faire croire toute idéologie substantialiste ou fondamentaliste. Il en est ainsi pour le port de signes religieux à l'école, par exemple. Si jusqu'ici, les gouvernants politiques français n'avaient pas eu de véritable politique d'intégration, c'est qu'au fond on considérait des groupes culturels issus de pays colonisés comme non intégrables car non assimilables. La pratique politique en ce domaine consistait alors à entériner le fait qu'il y avait des îlots non intégrables et on cherchait plutôt à négocier avec les chefs présupposés de ces groupes, ce qui n'est rien d'autre qu'une vieille pratique coloniale de négociation avec les chefs des "indigènes". Un certain multi-culturalisme néolibéral peut aller en ce sens.
Cela dit, le républicanisme traditionnel peut rétorquer que la république, parce que laïque et tolérante, reconnaît le droit qu'a chacun de définir ce qu'il considère comme vie bonne dans l'espace privé. Mais cela ne peut suffire car de telles positions de principe n'ont pu empêcher les exclusions et les injustices dont nous parlions plus haut. Faut-il pour autant donner raison au communautaristes qui revendiquent une reconnaissance publique des différences culturelles avec l'octroi de droits spécifiques ? Il faut avouer la complexité du problème. Sans doute la reconnaissance de la diversité culturelle dans les médias pourra-t-elle nous permettre d'avancer.
II- Reconnaître la diversité culturelle dans les médias.
Il se pourrait, à ce sujet, qu'il faille repenser l'opposition espace public/espace privé dans la dialectique de l'action humaine, tant individuelle que collective. Pour tout républicain, la distinction espace privé/espace public est essentielle et il ne s'agit point pour nous de la supprimer. Mais le rapport entre ces deux instances mérite d'être redéfini. Il est clair que l'autorité publique doit reconnaître la diversité culturelle de la France. Comme l'a montré Alain Renaut (cf. Revue Comprendre, les diversité culturelles) proclamer que le français est la langue nationale n'est pas la même chose qu'affirmer qu'elle est la langue officielle. Dans le premier cas, j'exclus de la collectivité nationale les langues et parlers régionaux. Il y a donc là non reconnaissance de la diversité culturelle de la France. Dans le second cas, j'admets cette diversité culturelle tout en affirmant une identité politique commune définissant la citoyenneté. Tout cela relève donc des politiques publiques de la culture. Ici donc peut s'inscrire une politique publique de reconnaissance de la diversité culturelle dans les médias. Mais deux erreurs à ce sujet méritent d'être évitées : 1)celle d'un républicanisme traditionnel qui cantonne le monde commun de la diversité culturelle dans le strict espace privé et 2) celle d'un communautarisme qui confondant espace commun et espace public exige la reconnaissance de droits spécifiques à des groupes culturels ou ethniques.
La position des républicains traditionnels est teintée d'hypocrisie. Car reléguer les différentes options éthiques de la vie bonne dans l'espace privé, c'est vouloir ignorer que, dans les médias précisément, sont véhiculées des images et des représentations du monde qui ne sont pas neutres. Il peut ainsi s'imposer dans le monde commun que représente la télévision, des images dépréciatives du Noir ou de l'Arabe. Ou encore, ces derniers peuvent être vus comme citoyens de seconde zone, tout juste bons à briller dans le sport ou dans des émissions comiques. Il est juste de dire que ce qui définit un Français ne n'est ni sa race, ni sa religion. C'est une abstraction positive. Mais dans le monde vécu, un Français noir ne se vit pas comme un Français blanc et ce dernier peut se considérer plus français que le Noir. Si les politiques d'instruction publique, notamment en matière d'éducation nationale, peuvent aider à corriger de tels écarts, cela ne peut suffire. Le rôle des médias est, en ce domaine, tout aussi essentiel. L'identité se façonne aussi dans l'imaginaire et nous avons vu comment la publicité et les médias ont historiquement produit une image dépréciative des originaires des ex-colonies. La chose doit donc être corrigée. Or, sur ce point, la France est en retard sur les USA et l'Angleterre.
Mais comment fonder, au plan philosophico-politique, l'intervention de la puissance publique dans les médias ? Car il est évident que l'identité française ne se façonne pas uniquement dans l'espace public, lieu de la rationalité, régi par une éthique de la discussion. Pour l'avoir cru, les républicains traditionnels ont laissé se développer dans le monde commun, dans l'imaginaire, des identités réductrices et aliénantes. Ainsi ont pu éclore l'antisémitisme et le racisme. Il faut donc se garder de réduire le monde commun à l'espace public comme de réduire l'espace public au monde commun, comme le font malheureusement en quelque sorte Michael Hardt et Antonio Négri dans leur dernier livre, Multitude. Mais comment distinguer clairement ces deux notions ? Disons simplement que l'espace public est le lieu où se réfléchit une identité abstraite et positive, c'est-à -dire l'identité politique commune définissant la citoyenneté. C'est une abstraction car il y a transcendance des identités originaires. C'est une chose positive car sans cela nulle communauté de citoyens n'est possible. Mais l'espace public est aussi le lieu où s'affrontent des points de vue opposés. Le dissensus se règle dans la rationalité des pratiques et de l'éthique de la discussion, structurée par le droit commun. L'espace commun, au contraire, est marqué par la diversité. Il est aussi bien culturel que social, lieu aussi de souffrances et d'injustices non résorbées dans l'espace public car il peut se vivre là douloureusement des injustices dues à un déni de reconnaissance identitaire ou de dignité sociale. L'espace commun est le monde des identités plurielles, tant sociales, professionnelles, sexuelles, que culturelles. Ce qu'il y a de commun c'est le lieu de leur déploiement, la nation. Mais dans leur diversité, ces identités plurielles disent aussi quelque chose de commun de l'expérience humaine, ne serait-ce qu'une communauté de destin dans l'espace national. L'espace commun est unité dans la diversité. L'espace public est unité transcendant la diversité. D'où sa rationalité quand l'espace commun est lourdement déterminé par l'imaginaire. L'Etat républicain ne peut pas se contenter d'affirmer l'identité politique commune. Il doit aussi souligner la richesse de la diversité culturelle du monde commun national. Ceci signifie qu'il n'y a pas qu'une seule identité, que les identités sont étagées, qu'on doit tenir compte de ces différenciations tout en concluant à l'unité de l'identité politique. L'unité politique transcendantale ne peut exclure la diversité culturelle phénoménale, pour utiliser un langage kantien. Mais l'unité politique transcendantale doit jouer le rôle d'équivalent général, si on peut s'exprimer ainsi, permettant aux identités culturelles de mieux circuler et surtout de mieux s'interpénétrer dans une interculturalité positive. Contrairement à ce que l'on croit, seule une fermeté quant à la loi commune peut permettre une circulation culturelle équitable car il y aura toujours conflit entre des exigences identitaires partielles et l'intérêt général ou public.
Les médias ont l'avantage de jouer un rôle d'intermédiaire entre le monde commun et l'espace public. Ils donnent de la publicité et aux affaires publiques qui relèvent de l'espace public et aux expériences diverses qui nourrissent le monde commun de la nation. Il n'y a pas forcément antinomie entre le corps de la nation et sa chair. En ce sens, les médias influent et sur la formation de l'identité républicaine commune et sur les identités majoritaires ou minoritaires. Ainsi, en ne rendant visibles que des identités majoritaires elles provoquent une injustice quant aux identités minoritaires. Le mépris des identités composant la nation, à quelque niveau que ce soit, crée des troubles graves quant à l'intégration de tous les citoyens. Il en est de même pour les identités sexuelles, sociales ou professionnelles méprisées ou subissant l'injustice. C'est pourquoi l'Etat républicain doit engager une politique publique de la reconnaissance et de la réparation aussi bien concernant l'histoire effective de la république coloniale que dans la politique des médias.
Cela dit, comment opérer ? Faut-il une politique des quotas ? La politique des quotas semble relever de la même problématique que le communautarisme. Nous avons vu plus haut que le communautarisme vise à réduire l'espace public au monde commun, à dévaloriser l'instance propre du politique, surtout à nier l'identité politique commune. Réclamer des droits spécifiques c'est faire éclater l'identité politique commune en niant qu'elle puisse effectivement constituer le lieu d'un sens commun comme si les identités plurielles étaient le seul lieu du sens. Cette dévalorisation de l'instance propre du politique comme mise en commun de l'action humaine est propre au marxisme, au communautarisme et au néolibéralisme. Au fond, la politique des quotas prétend résoudre par du quantitatif, à défaut du juridique ou d'une politique qualitative, des inégalités présentes dans la vie commune de la nation. C'est comme si on pensait l'égalité en termes purement géométriques ce qui exclut la reconnaissance de droits et d'égalités individuels. Pourrait-on admettre qu'un jour on puisse appliquer la politique des quotas au baccalauréat : tel pourcentage pour les enfants de paysans, tel autre pour ceux des ouvriers, tel autre pour les enfants d'enseignants, tel autre pour ceux d'industriels etc.. ? Ce serait nier la notion même de baccalauréat. En croyant supprimer les injustices, la politique des quotas, excluant les droits individuels, provoque d'autres injustices en minant le principe de l'égalité républicaine.
Une politique républicaine visant à supprimer les injustices dans la représentation culturelle dans les médias doit demeurer hostile à toute dérépublicanisation communautarienne ou néolibérale. Elle ne peut donc utiliser des principes contraires à sa nature. De même que par l'octroi de bourses et par des incitations de toutes sortes on tend à corriger les inégalités originaires dans le système scolaire, de même il faut penser une politique incitative plus égalitaire dans les médias. La vérité est qu'il y a une vie des institutions qui ne correspond pas toujours aux principes et même une institution fondée sur des principes justes peut engendrer dans son fonctionnement des inégalités. La politique en ce domaine qui serait la plus conforme à l'esprit républicain est une politique d'incitation, de reconnaissance, de prise de conscience, au sein même des institutions médiatiques. Ce n'est pas formellement, par du pur quantitatif que de tels problèmes pourront être résolus mais par des formes d'existence nouvelles, plus ouvertes sur la diversité culturelle, des institutions médiatiques elles-mêmes.
Voilà , chers amis, ma contribution au débat en cours. Mais j'ai laissé de côté un problème épineux : la mondialisation actuelle affaiblit considérablement les problématiques nationales républicaines et, concernant les médias, on peut dire qu'ils sont déjà gouvernés par une logique culturelle, non maîtrisée, qui est celle de la production d'un homme nouveau, le consommateur idéal ou, comme disait Michel Foucault (Naissance d la biopolitique ) celle qui nous pousse à concevoir la vie comme une entreprise.
Que faire alors ?
JACKY
Diversité culturelle dans les médias.
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Pas de réaction alors ? ( an poko liy an antié : sa two long )
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Moi ça ne me concerne pas parce queça parle des français !didico a écrit :up
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Plus sérieusement, an kay pran tan an mwen pou li sa an bay ti grenn sèl an mwen... la pour l'instant...
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Re: Diversité culturelle dans les médias.
comme mes ti camarades, je m'accorde le temps de lire et je reviens