vendredi - 14 mars 2025
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“FANON” – de Jean-Claude Barny

Nous avons eu l’occasion, il y a une vingtaine d’années, de suivre les pas de Jean-Claude Barny, en Guadeloupe, lors de la préparation de son premier long-métrage en tant que réalisateur, “Nèg Maron”. Puis, Kymani nous a tous incité à aller voir et revoir ce film pour faire exploser le box-office !

Le 2 avril 2025, “FANON”, le 3ème long métrage de Jean-Claude dédié aux salles obscures, sera à l’affiche.

Avec “FANON”, film à la fois poignant et éclairant, le réalisateur nous ramène dans les années 50, en Algérie, où le Docteur Frantz Fanon est envoyé en mission à une période où l’Algérie s’émancipe de son statut de colonie française.

Dès les premières images, nous sommes happés par la bande sonore du film (signée par Thibault Agyeman et Ludovic Louis), un savant mélange de jazz et de blues, auquel semble s’adapter notre pouls, malgré nous. 

L’acteur Alexandre Bouyer, qui incarne Frantz Fanon, réussit à transmettre une profonde humanité, oscillant entre détermination et inspiration. À travers son regard, on ressent l’empathie qu’éprouve  Fanon pour ses patients et ses camarades. 

Les scènes dans l’hôpital, où il tente de panser à tour de rôle blessures physiques et psychologiques, sont à la fois révoltantes et réconfortantes. Sans entrer dans les détails du film, on peut dire que Jean-Claude Barny réussit à montrer que derrière chaque patient se cache une histoire, une vie.

Le fil rouge du récit reste l’écriture de l’œuvre “Les Damnés de la Terre“. Ce livre, qui se veut un cri de ralliement pour les opprimés, s’entrelace avec les événements qui rythment le quotidien de Fanon pendant cette période, qui contribuera à faire de lui une figure emblématique de la lutte anticoloniale. Les moments où il écrit, ou dicte à sa femme Josie, jouée par Déborah François, sont particulièrement touchants, car on sent que les mots qu’il couche sur le papier sont chargés de la souffrance et de l’espoir de ceux qu’il côtoie, mais aussi de ses propres expériences de colonisé. Ces instants de réflexion et d’auto-psychanalyse, entrecoupés d’engagements naturels, créent un dialogue fascinant entre la théorie et la réalité, rappelant que le savoir ne peut exister sans l’expérience vécue.

FANON” n’est toutefois pas exempt de critiques. Certains pourraient trouver que le film, dans ses longueurs rappelant celles de certains films d’auteurs, peine parfois à traduire l’âme de révolutionnaire qui guidait Frantz Fanon. Mais peut-être que c’est aussi là le regard sobre et affirmé de Barny : nous montrer que la pensée de Fanon est aussi complexe que la réalité qu’il peut décrire. Les silences entre les dialogues, ces pauses chargées d’émotion, invitent à la réflexion.

FANON” n’est pas un biopic ! Que ceux qui n’ont pas encore fait de recherches sur l’homme, dont la vie n’a duré que 36 ans, ni lu un de ses livres, ne s’attendent pas à 2 heures de “Frantz Fanon pour les nuls”. Pour ceux là, ce film serait au contraire une introduction à Frantz Fanon, poussant à approfondir ses recherches pour comprendre comment les écrits de ce Martiniquais ont pu avoir une influence aussi grande sur l’ensemble des combats anticolonialistes à travers le monde, en incluant ceux menés aux USA dans les années 60 et en Afrique du Sud lors de la lutte contre l’apartheid. 

Pour les autres, Jean-Claude Barny parvient à créer une œuvre qui nous ancre dans le contexte historique qui accompagne “L’an V de la Révolution Algérienne” et “Les Damnés de la Terre”, tout en faisant un clin d’oeil presque facétieux à “Peau Noire, Masques Blancs”. À travers le parcours de Frantz Fanon en Algérie et en Tunisie, le réalisateur nous rappelle que, même dans les moments les plus sombres, la solidarité et l’empathie peuvent guider notre humanité. C’est peut-être là toute l’intention de ce film. Une œuvre qui ne laisse pas indemne et qui mérite d’être vue.

Reedan
Reedanhttps://www.facebook.com/gwadayouthEntertainment
Contributeur GY dès la première heure, Reedan préfère cependant l'ombre à la lumière. En 1994, il crée son premier site internet - Karukéra's Sun... En 1999 commence l'aventure Gwadayouth.com. Tout d'abord en mode privé (sur invitation et mot de passe), puis en mode public à partir de 2001. Sa motivation 1ère: faire avancer le "Schmilblick Kiltirèl". Contribution technique, articles, photos et autres.

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