jeudi - 21 novembre 2024
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La Kaz et nos espaces (acte 2)

«To to to! Eti?! Y’a du monde ?
Men fout sa ka santi bon non! Ka ou ka fè kwit konsa?
»

© exXÒs mètKakOla, Vwazin

Dans ce théâtre à l’italienne, climatisé, nappé de loupiottes de sécurité dans ce noir luxueux fuitent des Odeur de mots, de flow, de groove, d’images, de sons, de notes de musique, … La senteur du vesou, même si pas vécu sur le terrain, monte aux narines. Ces pulsations et ces basses sonores disent un Pas cadencé, un Batmand’ kè, une Avancée, … malgré les Bigidi de la Vie.

© Copyright – Reedzeye.com

Déporté ou arraché à sa terre natale, déplacé de son terreau sociétal, expatrié sont, dans la contrainte ou le choix, des migrations traumatiques: L’adaptation reste la clé. Apprendre à se nourrir différemment, observer et adopter d’autres Konpòwtasyon dans cette nouvelle
société-cité, être rythmé par d’autres saisonnalités, apprendre et se conformer à d’autres
déplacements dans le temps et l’espace, … «En raison de difficultés lors de l’acheminement
du personnel, le train … aura un retard de x minutes» ou paaa’ tan’ ?!
La dite grande ville est là, absorbante, lissante, donnant un tempo différent. Les Batman’d kè changent. Une arythmie transitoire se fait sentir, le pas a changé, la cadence aussi.

© exXÒs mètKakOla, Nakamoto

Besoin d’exorciser une Souffrance ?
Qui aurait parié qu’après autant d’années, cette enfant de Caloucaera happée par la France, ressentirait, adulte, ce besoin grandissant et criant d’évoquer des grands-parents maternels, un Foyer, une terre connue uniquement pendant les grandes vacances ? Ce fût d’ailleurs le lot de bon nombre de nos ressortissant.es, même pour les familles qui en avaient les moyens avant la Rafle du BUMIDOM*1.

Wi, dapré nou tout moun sé moun mais chacun.e vit bien différemment ses émotions.

Yao, lui aussi guadeloupéen, est parti s’établir,
bien plus grand à l’époque, à Lyon, et bien bien
bien avant, dans la même ville que Myriam. Pour
lui la Kaz évoque la première Kaz de Carénage,
celle de Madame Vita. C’est aussi cet habitat qui
jouxte le Lakou et le Lolo. Sa Kaz, constitué du
mot « Ka » potomitan, représente pour lui
l’instrument mais est aussi la quintessence
spirituelle, Nanm a-w!
De la kaz de sa grand tante Aya au Gosier, les 4
wòch, l’odeur de la fin du pétrole dans la lampe,
le tranzistò, sont autant d’images gravées qui
nous donnent le ton de son époque. La Kaz de
son grand-père à Cinq étang à Petit-bourg n’est
pas en reste. Lui aussi, « zendyen nèg des
Grands-Fonds » se nomme-t-il, est exilé à l’âge
de 4 ans. Arrivé dans ce lieu à la chaleur
incomparable à la sienne, entouré de figures
complétement inconnues dont les bras le déportent, encore une fois, tel le tapis
d’aéroport, d’adulte en adulte. Il n’arrive pas à atterrir et poser le pied tel Armstrong : le choc culturel ne peut-être qu’instantané. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il a pris, sur la demande de la maman de Myriam, cette dernière sous son aile ? Tel un «papi-Frans» certes trop jeune alors pour l’être, cet acteur, musicien, percussionniste, a été et est comme un mentor immergeant l’enfant dans les contes des Antilles, nos mès é labitid qui d’ailleurs suintaient de cette kréolopal exclusive. Aujourd’hui, nul ne s’en serait douté.
La lessive qui « lave plus blanc que blanc » a décapé l’être de ce petit bout de Gwadloup. Ce fût d’ailleurs le lot de bon nombre de nos ressortissant.es. J’évoquais la fois dernière ces femmes noires et métisses qui se sont retrouvées en France sans avoir rien demandé. Que de regrets de ne pouvoir parler leur langue maternelle, la transmettre à leurs enfants et perpétuer les liens familiaux. Que de douleurs face à du mépris gratuit englué d’ignorance. Mais trouver les ressorts pour ne pas se laisser tarir devient le geyser central de la vie.

Toute l’équipe vit Lòtbò sauf un !
Quel est l’intrus ?
Yé mistikri?

  1. *Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer ↩︎
Nathydou
Nathydou
Femme, guadeloupéenne, chargée de famille, militante pour une Transmisyon plus que primordiale auprès de nos Très jeunes enfants et adolescent.es : i ja ka ta! (larme à l'oeil).

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