Mon week-end commence bien. J’assiste à la présentation du nouvel opus de l’homme Dominik Coco que l’on ne présente plus le vendredi 6 Juin à 20h à LaKasa, salle de concerts tendance à Baie-Mahault. Après avoir présenté son album Lèspri Kaskòd à la presse le 21 mai à Sainte-Rose, s’est tout naturellement que Dominik Coco vient présenter son bébé à son public qui l’aime tant (et qu’il aime tant). C’est que cela fait des années qu’il occupe la scène locale ! Et puis, l’eau a coulé sous les ponts depuis Lakou Zaboka.. Il était temps qu’il nous revienne !
20h10 : le concert n’a toujours pas commencé, l’extérieur de LaKasa où se déroulera le concert se remplit progressivement. On occupe les chaises en plastique ou en osier (le décor est sans fioriture, dans l’esprit de l’artiste Coco), on essaie de repérer les meilleures places. Ou l’on préfère rester debout en attendant le début du spectacle.
20h12: un jeune homme portant un polo de LaKasa me propose de laisser mes coordonnées afin d’être informée dorénavant des futures manifestations. Ma foi, j’accepte. Après tout, ça a le mérite de faire passer le temps. Un peu de gwoka en fond sonore, ambiance assez roots à vrai dire.
20h22: Coco est ses comparses se font vraiment désirer. Je finirai par m’endormir si ça continue… Mais ô surprise! Coco apparaît…sur écran géant (lot de consolation ?). Petite projection ayant pour objectif de définir et présenter ce fameux esprit Kaskòd. Autant dire que ça tombe bien : en effet, je m’interrogeais un peu quant à la signification du titre de l’album. Pertinent documentaire faisant la lumière sur tout ce qui entoure le projet Kaskòd. Selon Dominik Coco, lespri Kaskòd n’est autre que l’esprit nèg mawon, ce dernier qui n’a pas hésité à “casser sa corde” pour se libérer du joug de l’esclavage. Nèg mawon ki ka tayé (dixit Coco). J’apprécie la démarche pédagogique et culturelle de la projection.
20h40 : Dominik Coco, ses choristes, ses musiciens entrent en scène…pour le grand bonheur de l’assistance. Les premières notes laissent présager du spectacle à venir. C’est drôle mais cela me rappelle vaguement Erikah Badu ou encore l’album de Lauryn Hill, le fameux MTV unplugged… Et j’apprécie.
Dominik Coco entame son répertoire avec un morceau très touchant… An rivé (douvan Léwoz a yo la)… Le ton est donné, Coco est bien (comme il l’a si souvent répété lors de son concert) on fis’ a tambouyé… Ses références ? Vélo qu’il appellera respectueusement son impériale majesté… Et quand le talentueux Mister GG (ex F*ckly) arrive sur scène et apporte une touche Hip Hop au morceau interprété par Coco, le public ne tient plus en place. Ce délicieux mélange est du goût de tous et rappelle que le métissage culturel débouche souvent sur un merveilleux métissage musical.
Leedyah Barlagne et Nathalie Jeanlys, les choristes, sont quant à elles très efficaces : aucune fausse note. Une parfaite harmonie règne entre elles et l’artiste et cela se voit…et s’entend. De plus, elles sont complètes car elles manient (entre autres) aussi bien le triangle que le chacha. Ce que j’apprécie est la diversité d’instruments qui accompagnent Dominik Coco : guitare électrique, batterie, guitarre sèche, armonica… Les influences musicales sont fort variées également : bossa nova, zouk, groove, acoustique, reggae, slam, balade… Dominik Coco a vraiment mis le paquet. Il s’est entouré d’artistes de renom tels que le percussioniste Didier Juste, le batteur José Zébina (du groupe Bwakoré de Martinique), l’impressionnant guitariste martiniquais Jeff Baillard qualifié d’electribean par Coco, le bassiste Eric Delbond, Thierry Girard ou Thyeks (bon ingéneur du son)… Notre Dominik national est en osmose avec son public, ce dernier reprend en choeur des chansons qui ont marqué des générations entières. Nous avons droit à des séquences souvenirs : l’inoubliable Natirèl Poézi chanté par Coco mais aussi par Kinki Eddy qui revient lui prêter main forte pour l’occasion, Gwada (an enmé jan ou owlalwa), Titine… Franchement, comment oublier tout cela ? Impossible.
De plus, Dominik Coco est généreux car il sait partager la vedette avec des artistes montants comme par exemple Inès (Miss Bwabwa), représentant la soul créole guadeloupéenne. Duo de qualité. Beau trait d’union entre les artistes connus et ceux qui sont en passe de se faire reconnaître.
Lespri Kaskòd se révèle être une bonne surprise. J’aime pratiquement tout ce que j’entends : Fifi Gongon, Ou po mayé, Chimen en mwen… Il convient de signaler que l’artiste Coco ne parle pas de la pluie et du beau temps. Bien au contraire, ses textes sont engagés et empreints d’expériences vécues : il prend la défense des cheveux naturels dans Chivé Natirèl et rappelle combien il a déjà essuyé des remarques désobligeantes au sujet de ses locks qu’il arbore fièrement. Spéciale dédicace à tous ceux qui ne sont pas tombés dans la soupe du défrisage… Par ailleurs, il porte un regard critique sur ses compatriotes qui ne cessent de dénigrer leurs semblables. En effet, qui n’a jamais entendu de propos pernicieux tels que “neg pa bon“? Eh bien à cela, Coco rétorque :”Fo nou arété malpalé nèg konsa“. Et j’approuve bien entendu. Il en profite pour évoquer brièvement le devoir de mémoire et notre passé bien lourd à porter. Spectacle puissant où l’on passe du rire… au sérieux.
Le concert touche malheureusement à sa fin. Après avoir remercié son public, Coco, musiciens et choristes plient bagage. Dommage… Mais le directeur de LaKasa les rappelle :”Dominik Coco est attendu sur la scène de LaKasa, merci.” Belle mise en scène. Ils reviennent tous. Pour toutes ces choses, ça valait le coup d’attendre finalement… Ambiance carnaval. Maché an mas la! Gwada, prise d’assaut! C’est reparti pour un tour. le public est déchaîné, ambiance de folie à LaKasa. Nous avons même droit à un bis réclamé à corps et à cris par le public… An rivé… Mister G. revient et le concert touche à sa fin… à 23h08. Quel beau spectacle!
Merci Dominik Coco pour cette soirée démentielle que tu nous a fait passer à LaKasa, elle restera sûrement gravée dans le cœur de plus d’un… Les absents ont, comme d’habitude, eu tort mais une session de rattrapage est prévue le 21 juin… Date de sortie de l’album dans les bacs. Drôle de coïncidence, n’est-ce pas ? En tout cas, ay achté-y, pa gravé-y, an nou rèspèkté travay a awtis an nou!
Photos: ReedzEye
Salut à tous,
Je fais partie des personnes à qui les sons de Coco parle aux tripes et au coeur depuis longtemps. Probablement parce que je suis une fan de musiques et sonorités traditionnelles et qu’il m’en abreuve à chaque fois. Moi, je craignais cet album, car assurer après le succès de Lakou zaboka… J’étais aussi au concert de Lakasa, et franchement; il m’a bluffée M. COCO ! Des instruments en folie (guitare électrique, flute, harmonica, percus…). Et les choristes: hallucinantes voix africaines ! Il ne manquait que l’accordéon du quadrille (lol). Les textes sont engagés sans être révolutionnaires. J’aurais peut-être aimé être bouleversée aussi par un “Clair-obscur”. Mais ces sensations là, on ne les vit qu’à l’adolescence. Merci Monsieur Coco, bravo à toute cette équipe “Kako Music” (StarJ et Exxos Thyeks et les autres). Vraiment, tentez l’expérience Coco.
J’ai été à celui du 31 Juillet 2008. Je me suis régalée pourtant j’étais réticente au début. En plus, il y avait Dory qui a slamé un texte sur le theme “chivé natirel” en intro du son du meme titre et admiral T pour cloturer .
A wai i té bon.
Après l’avoir écouté en boucle, je m’attendais à autre chose … Enfin, rectification: Je m’attendais à quelque chose comme ça, mais au fond je voulais m’attendre à autre chose, je m’explique:
Déjà je commence par dire que Coco est l’artiste guadeloupéen qui m’a le plus inspiré par ses morceaux à travers le temps. Son 1er album “Lakou Zaboka” transpirait le Coco, et je le trouve encore génial. On ressent l’implication de l’artiste sur chaque titre, on sent qu’il vit son truc!
Avec Lespri Kaskod, j’ai plus eu l’impression que c’est “L’esprit Coco” qui se barre. Il manque l’Ame Coco telle que je la connais … Les morceaux sont bien, ils sont beaux. l’album est dans l’ensemble bien ficelé mais je suis convaincu qu’il y a un “hic” quelque part. Serait-ce du à la collaboration avec Jeff Baillard comme Dir. artistique ? Serait-ce le syndrome du 2ème album ? Serait-ce juste une volonté de ma part de “vouloir plus” ? Peut-être bien un peu de tout ça, mais cet album ne m’a pas mis la claque que j’aurai aimé recevoir… C’est du Doko, oui! et Coco par définition est bon .. Mais je ferai comme le prof qui exige de son bon élève qu’il se surpasse!
Cela dit, Lespri Kaskòd peut aussi vouloir dire qu’il part musicalement vers d’autres horizons et si c’est le cas j’espère fortement qu’il arrive à ouvrir des portes qui valideront commercialement le travail fourni par Coco & co depuis tant d’années!
Face b : cd (sorry!)
Je viens d’acheter l’album et force est de constater que les sons dégagent la même chose que sur scène. Je craignais que certaines sonorités changent au risque de dénaturer le live mais pas du tout! Je suis aux anges!
Foncez, vous ne serez pas déçus! Il y a vraiment du boulot sur cet album.
Et puis, la présentation est très originale : le cd est double face (logique me direz-vous!). Sauf que… Face a : dvd/Face b : dc. Je ne connaissais pas du tout cette technique 2 en 1!
Toutes mes félicitations pour l’article Kimany!! J’étais à ce concert é y té malad tou bonemen!! Tu as parfaitement su transmettre les “vibes” de cette soirée… celle-ci restera sans doute une de mes plus belles, car je suis fan de Dominique Coco et il a assuré comme toujours! C’est un artiste au talent exceptionnel, avec un charisme et un naturel hors du commun avec son public!! Franchemen cd la achetéy pa gravéy… sé ti son la bèl o sérieu!! Fo nou bay foss la pou mizik ay continué fè nou plézi!!