Dans un environnement que l’artiste affectionne par dessus tout: le zayann’. Là, où il aimerait y construire sa maison puisqu’il s’installe définitivement en Guadeloupe. Gwadayouth a recueilli pour le plus grand plaisir des jeunes guadeloupéens, les propos de Dominik Coco. Un grand frère qui se confie avec ce naturel qui lui scie à merveille.
GwadaYouth : Qui est Dominik Coco ?
Dominik Coco : Dominik Coco est un artiste. En fait, j’ai étudié plusieurs formes d’arts : la danse, le théâtre, le cinéma et les percussions. Aussi loin que mes souvenirs peuvent remontés, j’ai toujours évolué dans le milieu artistique. Sinon, je suis originaire de Sainte-Anne. De père, chef cuisinier et de mère, employée d’hôtel.
G.Y : Comment a démarré ta carrière de chanteur ?
D.C : A la faculté de Poitiers, où je préparais un DEUG en administration économique et sociale, j’étais responsable des activités socio-culturelles de l’association des antillo-guyanais. Je chantais aussi dans un groupe de World Music. Et je donnais des cours de gwo-ka. A cette époque, j’ai fais la connaissance de Gilles Voyer, fondateur du groupe martiniquais, Taxi Kréol ; il était aussi étudiant à Poitiers. Nous avons composé une chanson : Mizik que je rêvais de présenter à un producteur. Finalement, des amis de la fac, ravis de mon engagement artistique m’ont mis en relation avec Georges Décimus et l’épopée Volt-Face a commencé.
G.Y : Comment s’est déroulé ton intégration au sein d’une formation composée de pointures de la musique caribéenne ?
D.C : En 1990, j’ai intégré le groupe en tant que percussionniste-chanteur. Une occasion de faire ma place dans le milieu du showbiz. Je rencontrais les plus grands : Jeff Joseph, Georges Décimus et Dominique Panol. Et moi qui avait suivi Kassav’ comme une véritable groupie, je ne pouvais pas croire que je travaillais aux côtés d’un de ses fondateurs. J’ai mis deux ans à réaliser. C’était un rêve d’enfant qui se concrétisait et les gars ont été géniaux avec moi. Nous formions une famille soudée.
G.Y : Pourtant Volt-Face s’est dissout et tu commences alors ta carrière solo ?
D.C : Le succès de Volt-face était tel que je pense que certains membres du groupe ont mal géré leurs montée d’adrénaline. La transition s’est faite en 1995, j’étais tellement amoureux de la scène qu’il me fallait créer d’autres musiques pour présenter de la nouveauté à mon public. Avant ma carrière solo, il y a quand même eu mon duo avec Dominique Panol. J’ai écrit les textes de son album Zayann’ et nous nous sommes, jusqu’en 1997, produits ensemble. Puis, il y a eu la sortie de mon single Natirèl Poézi avec Kinky Eddy qui annonçait mon premier album Liberté Savane.
G.Y : Pourquoi avoir appelé ton premier album Liberté Savane ?
D.C : Liberté Savane est tiré d’un ouvrage qui parle d’un nègre venant d’Inde mis en esclavage dans les plantations de Sainte-Anne, dans les années 1800. Une liberté qui était octroyée par le maître en comparaison à la liberté générale, marquée par la fuite des « nèg mawon ». La situation actuelle de la Guadeloupe.
G.Y : T’inspires-tu beaucoup de cette période de l’histoire pour écrire tes textes ?
D.C : En fait, je m’inspire de tout, dès que j’ai une idée en tête, je la couche sur une feuille. L’inspiration c’est l’histoire de la vie d’un homme. Tout auteur, écrit ce qu’il vit ou ce qu’il ressent. Aussi, j’écoute beaucoup de musique « Noire » surtout ce qui est afro-caribéen. Depuis petit, je cherche de cette façon à m’émanciper. Je me réfère aux groupements identitaires africains tel que Bijengua.
G.Y : Et, tu préfères quelle étiquette : celle de Dominik Coco le lover ou Dominik Coco, le chanteur engagé ?
D.C : Pour faire allusion aux chansons d’amour, Fo ou rouvini ou Clair Obscur qui m’ont propulsé. Je dois dire que l’amour est un sujet qui plaît. Quand tu parles d’amour, tu ne déranges personne et forcément c’est ce que les médias diffuseront le plus. Bob Marley chantait l’amour.
G.Y : Tu es donc un zoukeur engagé ?
D.C : Je ne suis pas un zoukeur, je fais de la musique zouk. Je suis ce qu’on appelle un musicien caribéen et je ne m’enferme pas dans un style particulier. C’est pour cela que l’on n’arrive pas à me classer mais je n’ai rien inventé, Kassav’ a été le premier groupe de zouk à parler de conscience et de l’Afrique.
G.Y : Et comment définis-tu le terme afro-caribéen ?
D.C : C’est ce que je suis. Je suis d’origine afro-caribéenne. Un caribéen d’Afrique puisqu’il y a aussi des euro-caribeéns et des indo-caribéens. Un ami artiste peintre de Marie-Galante parle lui de grayo en créole ça signifie « pwan an chak’ ». Une revendication de cette part africaine que je porte comme une prise de position.
G.Y : Et, qu’est-ce que tu appelle le sixième continent dans ton dernier album ?
D.C : La Caraïbe est un sixième continent. Un continent spécifique, à part. En référence au groupe Sixième Continent de Kali. Miles Davis disait d’ailleurs : « C’est à partir d’une musique existante que l’on peut en créer une autre ». Ce que j’ai fais quand j’ai composé Titine.
G.Y : Pourquoi avoir repris la chanson de Guy Conquet ?
D.C : Toujours pour des raisons historiques. Pour parler de mes ancêtres, de la nature. Ce monsieur est un seigneur de la musique traditionnelle antillaise et j’ai voulu lui rendre hommage. D’ailleurs, je l’ai rencontré pour que nous discutions bien-sûr des droits d’auteur . Par la suite, j’ai composé un titre avec lui, Makandal que j’ai interprété avec Kinky Eddy et Douglas M’Bida.
G.Y : Pourquoi avoir accepté cette interview avec Gwadayouth.com ?
D.C : Je voulais donner une force à Reedan , un jeune guadeloupéen qui bouge. Avec ce site, vous pouvez mobiliser le peuple guadeloupéen et sa jeunesse. Un moyen de faire des rencontres avec des gens de la diaspora caribéenne. Tout droit sortis de la décolonisation, nous avons encore des lacunes à combler. Et puis , l’internet révolutionne le monde de la communication. Il est important de s’y faire connaître. Une façon de dépasser les frontières et de communiquer avec le monde entier.
G.Y : Tes projets pour le futur ?
D.C : Je prépare mon troisième album pour le courant 2002. Je pense sortir un deuxième maxi pour le carnaval en février. En attendant, j’ai monté une formule live composée de : Daniel Kissoun, Willy Blombou, Eric Delblon, Didier Juste. Nous attaquerons les scènes de la Guadeloupe dès le mois de janvier. Et ma compilation Hit est encore à écouter.
G.Y : Un message de Dominik aux internautes de Gwadayouth.com ?
D.C.: Même si vous êtes loin, jetez un coup d’œil sur ce qui se passe en Gwada. Pa obliyé la lonbrik a zòt téré !
Entretien : Rebecca Marival (propos recueillis le 21 novembre 2001)
Bin j’aime bien la façcon que ta commancé c bien foss baw! :-C 😎