Reedan: Un an après, le bilan ne peut être que positif…

Le 17 octobre 2002, Gwadayouth.com a fêté son premier anniversaire. Afin de faire le point sur l’année écoulée nous (l’Equipe Gwadayouth) avons eu envie de partager avec vous notre expérience. Mais au lieu d’avoir l’opinion de chacun, nous avons décidé de donner la parole à une personne. Et qui mieux que Reedan (créateur de Gwadayouth.com) peut représenter l’esprit Gwadayouth?….C’est bien ce que nous croyions! L’accord de l’intéressé ne fut pas immédiat, mais après un chantage poussé le résultat est là. Top magnéto…

GwadaYouth : Alors Reedan ? on entre dans le vif du sujet tout de suite, après un an d’existence quel est le bilan de Gwadayouth.com ?

Reedan : Ben, le bilan ne peut être que positif puisqu’on existe toujours. Cela dit c’est vrai que vu les chiffres nous avons de bonnes raisons de rester optimiste: le site a été mis en ligne le 17 octobre 2001, nous passons de 600 connexions et 5200 pages visitées en novembre 2001 à 3400 connexions pour 12000 pages visitées en novembre 2002. Nous ne pouvons donc que constater que la demande est bien là et qu’il faut continuer d’y répondre!

G.Y. : Il y a des gens qui se demandent encore quel est l’esprit du site. Toi, dans quel esprit l’a tu créé ?

R. : Wow! En fait ça a été une suite logique d’évènements. J’ai créé mon premier site (Karukéra’ Sun) en 1994 alors que j’étais encore étudiant pour en fait chercher à faire connaitre la Guadeloupe. A l’époque, j’étais aux Etats-Unis et internet était encore à ses balbutiements, nous étions donc une poignée d’Antillais (Big up à Régis Lolo et à Patrick de Zoukarchive.com !) à être relié par le site et crois moi, quand t’es loin de chez toi (Régis à Washington D.C., Patrick à New York, moi à Seattle), ça fait énormément de bien. Ensuite de retour en Guadeloupe, j’ai créé Reedan.com pour le fun et le feedback a été tellement positif, surtout de la part des “exilés”, que j’ai compris que même si moi j’étais rentré, il existait une demande de la part de notre communauté. J’ai alors commencé à travailler sur l’idée d’un site communautaire en 1999 alors que j’étais en France, et l’idée s’est concrétisée en octobre de l’année suivante dans l’esprit d’offrir à la communauté caribéenne un lieu de rencontre créé par nous et pour nous sur le net.

G.Y. : Pourquoi avoir alors opté pour “Gwadayouth” et pas un sigle plus général ?

R. : A la base ce site a été comme un bébé pour moi et généralement les bébés prennent les gènes des parents (rires). An sé timoun a Gwada, sit’ la sé pou jénès Gwada é timoun a Gwada an jénéral! et à l’arrivée, ça donne “Gwadayouth” Parce que le médium utilisé est avant tout international. Après, c’est un site d’échange donc il aurait été dommage que certains s’arrêtent au nom, ou alors qu’il s’y arrêtent aussi pour “Jamaican Style” et autres…

G.Y. : Nous avons vu des interviews sympa sur le site, explique comment nous obtenons les contacts, et à quand la première femme ?

R. : (Rires)…Concours de circonstances ! Vraiment, nous aurions pu déjà interviewer Christine Arron et Laura Flessel par exemple…Après nous faisons en fonction des agendas de chacun. Les contacts jusqu’à présent se sont fait naturellement par pur fraternité. Tiwony a été interviewé par Charlòt’ qui à la base fait partie du collectif TNT. Dominik Coco par Rebecca Marival qui à l’époque bossait pour NRJ et Sept Mag. Après les connexions font que untel ou untel accepte ou pas. J’ai tenu personnellement à donner la parole à quelqu’un comme Michel Morandais, parce que trop souvent nos sportifs ne sont reconnus qu’une fois au top. Michel est à mon avis le futur ambassadeur sportif de la Guadeloupe et trop peu de gens le savent ! JMR est assez discret comme artiste, et comme l’occasion de pouvoir percer le mystère s’est présentée, notre équipe n’a pas hésité. Quant à Lilian Thuram, je ne peux que remercier Brother Jimmy du contact et constater que quand la base d’une relation est purement fraternelle et amicale, c’est beau !…heu, oui ! La première femme c’est pour bientôt, promis !

G.Y. : Ceux qui te connaissent savent que tu es un grand sportif, comment un jeune comme toi allie sport et culture ?

R. : Disons que j’ai été un sportif de bon niveau et que j’ai plein de souvenirs dans la tête. A un moment il faut savoir passer à autre chose. Une amie artiste me disait qu’un artiste doit savoir s’impliquer socialement et je ne peux qu’approuver. Notre communauté a besoin de modèles, a besoin de discours qui tiennent la route au lieu des discours soporifiques que nous avons l’habitude d’entendre. Si le peuple nous tend l’oreille, utilisons notre voix, c’est clair ! Et pour finir, je n’ai plus 20 ans. Disons qu’il y a de vieilles et de jeunes âmes, moi je suis certainement une jeune âme qui prend plus de temps que les autres pour murir dans tous les sens du terme (rires).

G.Y. : Tu as longtemps hésité avant de faire L’itw, pourquoi ?

R. : Tout simplement parce que j’aime bien rester dans l’ombre. Cela me permet de prendre du recul et d’analyser les choses. J’aime bien être mis en avant, mais pas me mettre en avant. Là j’ai accepté l’itw parce que j’entre dans une étape où je me ferai encore plus discret, donc je peux bien me lacher un peu….non ? En plus je l’ai pris comme un challenge personnel vu que j’ai la réputation de ne jamais parler.

G.Y. : Quels sont tes souhaits pour l’avenir de Gwadayouth.com ?

R. : Que nous fassions l’effort de continuer à donner aux visiteurs ce qu’ils demandent d’un côté et ce dont ils ont besoin de l’autre. Voir les visiteurs vraiment se servir du site et du forum en particulier commme point de rencontre, afin d’établir différentes connexions et cela à tous les niveaux. Cet espace a été créé pour nous, pour que nous puissions véhiculer nos idées, échanger nos produits, promouvoir nos actions. Je félicite d’ailleurs ceux qui ont déjà compris… Tout moun aksésib, dè Gwada a Lostrali an pasan pa Kòt Divwa!

G.Y. : Quel avenir pour les Antilles, selon toi ?

R : Hmmm…, Je pense que la Caraïbe en général ne peut que se porter de mieux en mieux. A mon avis, c’est un ensemble de nations jeunes qui bouge avec son temps et qui a une faculté d’adaption hyper rapide par rapport aux évènements qui pourraient influencer son devenir. Quant à nous Antillais francophones, je pense qu’il serait temps qu’on se reveille ! Il est déplorable de voir que les mouvements politiques et culturels sont menés par nos ainés et que trop peu de jeunes s’y impliquent de manière démonstrative. Les jeunes des années 60-70 étaient des leaders si on se réfère aux écrits, maintenant on dirait que les leaders suivent les suiveurs, si leaders il y a ! L’adage ne change pas: l’Avenir appartient à la jeunesse !

G.Y. : Quel est ton livre préféré ?

R. : Celui qui m’a le plus marqué par sa richesse est un livre sur la vie et les idées de Marcus Garvey dont j’oublie le titre en Anglais et comme on vient de parler des Antilles, le livre “Mé 67” de Raymond Gama et Jean-Pierre Sainton m’a aussi ouvert les yeux, Big Time!

G.Y. : Ton film préféré ?

R. : Sans aucune hésitation, Mo’ Better Blues de Spike Lee ! Je crois qu’à part mes parents, le sytème scolaire et la vie en général, les films de Spike Lee m’ont beaucoup éduqué…Surtout ses premiers.

G.Y. : En parlant de film, tu as…

R : Et si on restait sur le sujet “Gwadayouth” (rires)?!!

G.Y. : Bon, quelque chose dont tu aurais aimé parler en particulier ?

R : Non…En fait, j’aurais juste aimé remercier au nom de toute l’équipe Gwadayouth, tous ceux qui ont aidé ce projet à se réaliser: Les inconditionnels, les visiteurs, Seven Shadows, Nos artistes locaux, Ptik, 97-one la, N’joy, Lady Flow, Lilika, Janus Stark, O-1, Zouk lady, Rebecca, Charlòt’, Les interviewés, Zoukarchive.com, Gwadanostra.com, Fwisons.com, Gazexplicit.com, toute la diaspora…et notre équipe elle même: la “GY Team” ! One Love !

Entretien : Sista Nina (Propos recueillis le 1er décembre 2002).