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Tiwony: Le jeune lion fait une pause et se découvre!

De passage à Paris et dans l’attente d’un heureux évènement, Tiwony s’est ouvert à notre correspondant Parisien: Présentation et actualité d’un de nos artistes les plus doués et prometteurs.

GwadaYouth : Avant tout, peux-tu nous parler de toi ?

Tiwony : je suis né en France avant de partir en Guadeloupe à l’âge de deux ans. Durant toutes ces années, j’étais plutôt sportif. J’ai pratiqué le tennis, le full contact, mais des problèmes physiques ne m’ont pas permis de continuer dans cette voie. J’ai vécu à Grand-Camp, Baie-Mahault et aujourd’hui j’habite à Petit-Bourg.

G.Y. : Aujourd’hui tu es musicien, peux-tu nous citer les artistes avec lesquels tu as collaboré et sur quelles scènes on a pu te voir ?

T. : J’ai commencé avec Influence Sound dans des sounds systèmes où des groupes comme Freedom sound avaient déjà bien défraîchi le terrain. Ensuite, nous nous sommes produits dans nos propres sounds où nous avons eu la chance de voir passer des artistes venus du continent, tels que Princess Erika, Ragga dub force… J’ai ensuite émigré en 1995 à Paris avec la ferme intention de continuer dans cette voie. J’ai pu travailler sur la première compile Karukéragga ou j’ai posé sur le son “Kimbé red pa moli” avec Boubou et aussi le titre “Ba yo ragga” avec Lord Kossity. J’ai aussi posé sur la compile “Big up”. “Ma cité va craquer” fait partie des albums auxquels j’ai participé et fût disque d’or. J’ai tourné sur la scène marseillaise dans des “afters” de Lee Perry, de Gladiator, de Buju Banton . Après une période de galère, j’ai ressenti le besoin de prendre du recul et de retourner au pays. J’ai eu des connexions en Martinique avec Typical Féfé, Métal sound, Big family etc.… A mon retour en France, j’ai bossé sur la compile “Crazy ragga” qui a bien marché et qui m’a permis de faire pas mal de show, notamment une première partie à l’Olympia en 1999. Ensuite j’ai produit un mix tape, puis travaillé avec Catherine Thélamon sur son album de zouk. Ma route a encore croisé celle de Janik sur une compile qui s’appelle “combine” où d’autres artistes tels que Arsenik, Doudou masta, Admiral T. ont posés. En Guadeloupe, j’ai pu sortir mon Maxi sous le label de Rico Debs. Malheureusement, il n’a pas bien été distribué en France tandis qu’il s’est bien vendu au pays. J’ai eu d’ailleurs un prix de la SACEM pour le titre “béni yo”. J’ai commencé par la suite à maquetter mon album avec Makali qui est à la base un percussionniste, et cela m’a permis de donner une couleur plus “locale” à ma musique. Mes actualités ce sont les albums de Janik, de Rhoff, ainsi qu’une compilation de succès de zouk retravaillés et mixés pour un son plus Hip Hop. J’ai sorti un mix tape underground “Blackwarell”. Ce format nous permet de produire des sons pour un public plus averti. On retrouve des artistes tels que Oliver Stone, Smiley et bien d’autres. On a aussi préparé une compilation où plusieurs chanteurs se succèdent sur le même riddim qui devrait sortir en 2002.

G.Y. :Comment peux-tu expliquer la tension qui règne dans le milieu “dance-hall”, entre des artistes très créatifs par ailleurs, et qui ont réussi à bien vulgariser leur musique ?

T. : Tout le monde veut réussir, alors que tout le monde n’a pas les même opportunités. Ceci crée des petites jalousies entre les artistes. Mais il faut tout de même noter qu’il y a une unité qui se crée dans le monde du dance-hall. Lorsqu’un crew organise un sound, il invite différents artistes de chaque crew. Ils prennent conscience que ce mouvement peut faire avancer la cause et c’est la Guadeloupe qui en sort grandi. Il faut aussi tirer un grand coup de chapeau à la station de radio 106.2 qui fait vivre cette musique et qui permet à des frères qui n’ont pas sorti d’album d’être diffusés.

G.Y. :Pourquoi cette créativité musicale n’arrive pas à être exportée correctement en France ?

T. : Je pense que les producteurs ne s’informent pas assez de la réalité du marché. La qualité musicale et visuelle (les clips) est présente. Malheureusement, les producteurs ne se mouillent pas suffisamment. L’investissement est minimum et le marché se limite à nos îles. Il faudrait qu’ils s’informent, qu’ils aillent voir comment travaillent les grosses structures en France pour ensuite investir ce marché. La musique ne va pas sans une bonne promotion et sans un bon plan marketing.

G.Y. : Pour un musicien engagé comme toi, la violence qui existe au pays, te touche-t-elle, où tu trouves la situation pas si désespérée ?

T. : Selon moi, cette violence existe ailleurs. Elle est plus perceptible chez nous car l’espace est plus réduit. Notre histoire aussi, notamment l’esclavage, explique cette situation. Nous sommes un peuple rebel. Personne ne veut se laisser marcher sur les pieds. Cette esprit rebel s’accompagne d’un manque de solidarité dans notre communauté. Tout le monde veut dominer et refuse de s’entraider. De plus, lorsque l’un d’entre nous essaie d’avancer, d’autres tentent de le freiner. Il n’y a pas cette esprit communautaire que l’on retrouve chez les syriens ou libanais. Nous sommes à la traîne dans notre propre pays. Il faut aussi rajouter que beaucoup sont influencés par les images d’ailleurs, qui ne reflètent pas notre réalité. On a chez nous de faux Snoop. Ils se tirent dessus pour des broutilles. Nous sommes victimes du système. Moi aussi, j’ai eu ma période “bad”. Lorsque tu rajoutes à cette ambiance l’incompétence de nos hommes politiques, le pays n’avance pas.

G.Y. : Le mouvement “dance-hall” n’a t-il pas un rôle à jouer pour faire bouger les choses ?

T. : La musique seule ne peut pas tout bouleverser. Ce sont aussi les sportifs et d’autres qui dans leurs actions qui feront changer les choses. Comme le disait sa majesté Haile Selassié : “Peut importe le domaine dans lequel nous sommes, il faut se fixer des objectifs difficiles à atteindre, car les fixer trop bas c’est gaspiller les talents que le tout puissant nous a donné “.

G.Y. :Quel avenir pour la Guadeloupe, selon toi ?

T. : Je pense que les nouveaux moyens d’informations vont permettre à toute une génération de mieux se connaître. Savoir d’où on vient, apprendre son histoire, doivent être les bases du renouveau. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus éveillés que nous à leur âge. Ils feront la Guadeloupe de demain. Avec eux, ce pays sera une vraie nation. Dans tous les domaines, notre peuple a de dignes représentants (Kassav, Thierry Henry, Glissant). Donc nous sommes capables de bien faire et de faire évoluer les choses. Nous devons être constructifs, être plus entreprenants.

G.Y. : Pour terminer notre entretien, peux tu nous dire où l’on peut te voir ou t’entendre ?

T. : Je serai en Guadeloupe pour la naissance de mon enfant et quelques shows . Au mois de janvier, je serai à Marseille à l’espace Julien et vous pourrez aussi m’écouter sur ma mix tape et sur la compilation Chich 12.

Entretien : Charlòt’ -Tout’ Nèg an Transit- (propos recueillis le 5 décembre 2001)

GY Team
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